GENDHUN CHOEKYI NYIMA - 11ème Panchen Lama
Le plus jeune prisonnier politique du monded'après le rapport du TCHRD (Centre Tibétain pour les Droits de l'Homme et la Démocratie)
Le plus jeune prisonnier politique du mondeGendhun Choekyi Nyima, fils de Konchok Phuntsog et de Dechen Chodon, est né le 25 avril 1989 dans le district Lhari de Nagshu, au Tibet. A l’âge de six ans, il fut proclamé comme étant la vraie réincarnation du précèdent Xème Panchen Lama, le deuxième dirigeant spirituel le plus élevé du Tibet et il fut nommé ”Tenzin Gendhun Yeshe Thrinley Phuntsog Pal Sangpo” par le Dalaï Lama. Cependant, comme ses compatriotes tibétains, il est aussi devenu une victime de la brutalité de la Chine. A ce jour on ignore où Gendhun Choekyi Nyima se trouve et quel est son état de santé. Il a eu 17 ans le 25 avril 2006. Il fut longtemps considéré comme le plus jeune prisonnier politique du monde.
Disparition de Gendhun Choekyi NyimaIl s’est écoulé maintenant plus de 11 ans depuis le 14 mai 1995, date à laquelle le Dalaï Lama a officiellement proclamé Gendhun Choekyi Nyima comme étant le Xième Panchen Lama. Peu de jours après la proclamation, le 17 mai 1995, le petit garçon de six ans et ses parents disparurent de leur maison, emmenés en garde à vue par la police chinoise.
La tradition spirituelle tibétaine veut que le Panchen Lama reçoive au monastère de Tashi Lhunpo des soins pour son bien-être, l’instruction et une éducation religieuse adéquate. Cependant, Gendhun Choekyi Nyima est toujours gardé en détention dans des conditions de secret absolu.
Malgré les appels répétés du Gouvernement Tibétain en Exil, d’autres gouvernements affectés et d’organisations internationales, la Chine a refusé de fournir des informations sur le lieu de détention de Gendhun Choekyi Nyima ou d’autoriser un observateur indépendant à le voir, lui et ses parents et à confirmer qu’ils se portent bien. En fait, les autorités chinoises ont complètement nié sa détention durant les douze premiers mois.
La Chine n’a finalement admis qu’elle détenait le petit garçon et ses parents que le 28 mai 1996. L’information vint en réponse à une enquête rigoureuse et de longue durée faite par le comité des Nations Unies pour les Droits de l’Enfant, le corps de contrôle de la Convention des Droits de l’Enfant dont la République Populaire de Chine est état membre. Xinhua (l’agence d’information officielle de la Chine) a signalé que le représentant permanent de la R.P.C à l’O.N.U à Genève, M. Wu Jianmin, a déclaré : ”il a été placé sous la protection du Gouvernement à la demande de ses parents.” Selon M.Jianmin, ”le garçon courait le risque d’être kidnappé par des séparatistes et sa sécurité était menacée.” En conséquence, malgré son désaveu de l’autorité du Dalaï Lama dans sa nomination du Panchen Lama et son refus de reconnaître Gendhun Choekyi Nyima comme étant la vraie réincarnation, le gouvernement chinois a néanmoins justifié la détention de l’enfant sur la base ”d’inquiétudes”. La raison pour laquelle les autorités chinoises iraient jusqu’à de telles extrémités pour assurer la ”sécurité” d’un enfant qu’ils ne considèrent en aucune manière extraordinaire est discutable. Les dirigeants chinois comprennent que six millions de tibétains y compris les bouddhistes du monde entier ne reconnaissent aucune réincarnation du Panchen Lama sauf Gendhun Choekyi Nyima reconnu par le Dalaï Lama.
La sécurité et l’avenir de Gendhun Choekyi Nyima est un sérieux sujet de craintes. Sa disparition éveille des inquiétudes car elle représente une transgression flagrante des droits humains de l’enfant.
Désignation illégitime par la Chine du ”Panchen Lama”Condamnant la proclamation faite par le Dalaï Lama et ignorant les conventions historiques concernant la reconnaissance des réincarnations, le 25 novembre 1995, les autorités chinoises firent un tirage au sort dans une urne d’or pour choisir leur propre ”Panchen Lama”. Gyaltsen Norbu, âgé de six ans fut choisi et en conséquence intronisé le 8 décembre 1995, déclenchant des protestations massives dans tout le Tibet. Selon des sources à Pékin, Gyaltsen Norbu ne rendit visite au Tibet qu’en de brèves occasions. ”Il fut reçu de façon très mitigée” dit une source, ”et maintenant, les autorités estiment qu’il est préférable de le garder ici (Pékin)”.
Alors que la Chine a pendant longtemps dénoncé le Bouddhisme tibétain et son système de réincarnations comme étant ”féodal” et ”réactionnaire”, le régime athée semble plus que désireux d’abandonner sa position antireligieuse virulente dans le cas du Panchen Lama. La Chine a supprimé toutes les coutumes de recherches de réincarnations. En conséquence, la plupart des monastères du Tibet est laissée sans remplacement de leurs plus importantes figures religieuses. Cependant, dans le cas du Panchen Lama, les dirigeants du Parti Communiste autorisèrent la recherche de sa réincarnation dans l’intention de conserver un contrôle ferme sur les affaires religieuses du peuple tibétain assujetti. En désignant son propre Panchen Lama, la Chine a politisé les questions purement religieuses. Le geste de la Chine sacrant un nouveau Panchen Lama a révélé son désir de consolider et d’étendre sa maîtrise sur les affaires temporelles et religieuses des tibétains.
Arrestations des partisans de Gendhun Choekyi NyimaLa Chine a annoncé que l’action du Dalaï Lama ”rencontrerait une forte opposition venant des cercles bouddhistes tibétains”. Cependant le gouvernement chinois semblait avoir peu de foi dans ses propres paroles. Peu après la proclamation faite par le Dalaï Lama, des militaires chinois furent envoyés au monastère de Tashi Lhunpo, et des séries d’arrestations furent menées parallèlement à la question de la réincarnation. Aujourd’hui dans les monastères du Tibet, des équipes de travail chinoises forcent les moines et les nonnes à dénoncer le Panchen Lama choisi par le Dalaï Lama et interdisent sa photographie.
Les tibétains qui démontrèrent leur loyauté à esp.html Choekyi Nyima furent expulsés de leur monastère, arrêtés et emprisonnés. La Chine fait de son mieux pour s’assurer que le monde oublie bien l’existence de ce garçon hors du commun.
En septembre 1995, le groupe de travail de l’O.N.U sur la détention arbitraire soumit 48 cas de détentions dues à leur rôle dans l’affaire du Panchen Lama, dont le cas de Chadrel Rinpoche, à la R.P.C. La réponse, finalement reçue en mai 1996, affirmait que la Chine avait ”scrupuleusement adhéré à l’opinion du peuple tibétain et aux rites du bouddhisme tibétain dans leur choix du Panchen Lama”.
Chadrel Rinpoche, supérieur du monastère de Tashi Lhunpo - le siège traditionnel du Panchen Lama - fut désigné comme directeur du Comité de Recherche chinois pour la réincarnation du 10ème Panchen Lama en août 1989. Il irrita les autorités chinoises en 1995 en rejetant le projet de la Chine visant à choisir son propre Panchen Lama et en soutenant la proclamation faite par le Dalaï Lama de la réincarnation proclamée le 14 mai 1995. Il est signalé qu’il fut arrêté le 17 ou 18 mai et assigné à domicile sous le chef de présomption d’avoir communiqué avec le Dalaï Lama en exil au sujet de la réincarnation.
En ce qui concerne Chadrel Rinpoche, la R.P.C a affirmé que, après avoir quitté Pékin mi-mai 1995 pour rentrer au Tibet, il est ”soudainement tombé malade et a dû être hospitalisé. Considérant l’état fragile de sa santé, le Comité de Direction du Monastère de Tashi Lhunpo a préféré le relever de ses fonctions d’administrateur. Il est à l’heure actuelle sous soins médicaux.”
Le 22 mai 1996, on retira Chadrel Rinpoche du sixième Comité Consultatif Politique du Peuple Chinois (CPPCC) du R.A.T (Région Autonome du Tibet) et on l’écarta de son poste de Vice-Président parce qu’il ”était allé à l’encontre de la position fondamentale de la nation et avait perdu sa direction politique”. Le 21 avril 1997, presque deux ans après sa disparition, le vieil homme âgé de 58 ans fut condamné à six ans d’incarcération et trois ans de privation de droits politiques pour avoir ”conspiré pour diviser la mère patrie” et ”divulgué des secrets d’État” par la Cour Populaire de la Préfecture de Shigatse dans la ”région Autonome du Tibet”. Selon les autorités chinoises, il ”a avoué” ces accusations et a refusé toute représentation légale. Puisque le cas impliquait des ”secrets d’État”, le procès de Chadrel Rinpoche fut interdit au public.
On a ignoré où se trouvait Chadrel Rinpoche jusqu’en septembre 1997 où il fut signalé qu’il était détenu dans une enceinte secrète de la prison n°3 de Chuandong dans l’Est du Sichuan. On pense qu’il se trouve dans la même cellule que Hu Feng, un intellectuel communiste libéral emprisonné par Mao Tsetoung depuis 20 ans dans le secret absolu.
Il est rapporté que Chadrel Rinpoche fut emmené dans une enceinte top secrète, où même les fonctionnaires supérieurs de la prison ne peuvent entrer, fin avril ou début mai 1997. Seules trois personnes sont autorisées à pénétrer à l’intérieur : deux commissaires dépendant directement du Ministère de la Justice de Pékin et un prisonnier qui fait office de cuisinier et de garde de Chadrel Rinpoche et qui ne peut jamais sortir. Il est signalé que Chadrel Rinpoche, toujours désigné par un nom de code, ne peut avoir aucun contact avec l’extérieur et n’est pas autorisé à quitter sa cellule pour prendre un peu d’exercice. Il a commencé une grève de la faim en juillet dernier et on ne sait pas s’il s’est résigné à manger. Selon certaines sources, sa santé est chancelante.
Deux autres tibétains impliqués dans la controverse sur la réincarnation furent condamnés le même jour. Champa Chungla, Secrétaire du Comité de Recherche, fut accusé de divulgation de secrets d’État et de conspiration visant à diviser le pays et fut condamné à quatre ans d’incarcération et deux ans de privation de droits politiques.
Samdrup, un homme d’affaires, fut accusé de conspiration visant à diviser le pays et fut condamné à une peine de deux ans de prison et à la privation des droits politiques durant une année.
Le 15 mars 1996, quatre moines étudiants : Damchoe Gyatso (27 ans), Jigme Tendar (29 ans), Phuntsog (25 ans) et Damchoe Kalden (31 ans) furent emmenés hors du monastère de Kumbum et on ignore où ils se trouvent.Ils furent accusés d’avoir réalisé des affiches et des tracts condamnant l’intervention de la Chine dans la recherche du nouveau Panchen Lama.
Les moines du monastère de Tashi Lhunpo ne sont toujours pas libérés du harcèlement effectué par les fonctionnaires chinois. Une stricte vigilance est observée sur l’administration toute entière du monastère. L’administration actuelle du monastère est contrôlée par le Département Religieux de Shigatse. Ce département désigne le comité de direction du monastère avec l’approbation des autorités chinoises de Shigatse. Les moines n’ont aucun mot à dire quand à l’administration du monastère.
Phuntsog, à la tête du comité d’administration démocratique du monastère est détenu depuis juillet 1995. Tendor, un moine du sous-monastère de Gyupa, une branche du monastère de Tashi Lhunpo, fut arrêté dans la nuit du 13 juillet 1995. Il est maintenant tenu au secret dans la prison de Ngari à Shigatse. Gyatrul Jampa Tenzin, Président du Comité Disciplinaire Démocratique du Monastère fut arrêté lui aussi et emmené en prison pendant la nuit du 13 juillet 1995, il fut battu aveuglément alors qu’il était emmené en prison. Il fut gardé dans une cellule à l’écart où personne n’était autorisé à enter en contact avec lui. Il est physiquement traumatisé à vie suite à la série de tortures qui lui a été infligée. Après sa libération de prison le 7 mars 1997, il a été renvoyé du monastère avec un délai de trois heures pour rassembler ses biens. Il vit maintenant dans la région de Shigatse. Il existe beaucoup d’autres cas similaires d’incarcérations suivies par une expulsion du monastère : Lobsang Tsultrim (16 ans), Ghedun (25 ans), Sonam Phuntsok (27 ans), Lhakpa Tsering (17 ans), Chemi Tsering (28 ans), Tseshon Chungdak (24 ans), Lobsang Gyatso (21 ans), Tsering Gonpo (27 ans) et Gelong (21 ans). Il furent tous renvoyés du monastère après acquittement d’une amende de 3500 à 4700 yuans chacun. Ils ne sont maintenant plus autorisés à porter l’habit traditionnel des moines.
Incapable de vivre sous une telle domination, Penpa, l’intendant personnel du précédent Panchen Lama est mort d’un infarctus. Il ne pouvait pas supporter que soient infligées de telles atrocités aux moines.
Mi-avril 1997, Ngagchen Lobsang Chodak, le supérieur du monastère de Sangshen Gyudpa, un sous-monastère de Tashi Lhunpo, fut renvoyé du monastère. A la suite de son renvoi, il fut gardé dans la maison du précédent Panchen Lama à Shigatse sous la stricte surveillance du Bureau de la Sécurité Publique où on lui interdit tout contact avec le public.
Nganchen Lobsang Chodak est maintenant âgé de 67 ans.
Gyatrul Jampel Tenzin, Nganchen Lobsang Chodak, Phuntsok et Thupten Kalsang font tous partie des huit membres que les chinois nommèrent à la commission de recherche dirigée par Chadrel Rinpoche.
A l’heure actuelle, une équipe de travail de neuf membres est toujours dans le monastère. Ils dirigent des séances de rééducation le mardi et le vendredi et des classes divisant les moines en quatre ou cinq groupes différents de 16 heures à 19 heures 30.
Durant ces séances, on ordonne aux moines de s’opposer au Dalaï Lama et à la réincarnation du Panchen Lama reconnue par le Dalaï Lama. En plus de ces séances régulières, les moines peuvent être convoqués à l’improviste pour une réunion générale. De telles séances sont extrêmement perturbantes et nuisibles à leurs études religieuses générales.
A ce jour, plus de 80 personnes ont été arrêtées à la suite de l’affaire du Panchen Lama. Les autorités chinoises ont instauré des couvre-feux dans la majorité des villes tibétaines.