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 Comment la logique de la production tue-t-elle la planète?

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Solstice

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MessageSujet: Comment la logique de la production tue-t-elle la planète?   Comment la logique de la production tue-t-elle la planète? EmptyMar 17 Avr - 7:15

Bien le bonjour,

Je dois avouer que j'avais jusqu'à tout récemment oublié l'existence de la communauté (merci, ô modérateur, de m'avoir remis dans la Voie par cet e-mail des plus [...] (je ne trouve pas d'adjectif, mais ça viendra)

J'ai été marqué par la lecture de Écologie et Politique, écrit par André Gorz au début des années '70. J'y reprend à sa manière une analogie qui tend à nous faire réfléchir sur les fondements moraux ainsi que la viabilité de notre système capitaliste.

À noter : comme je suis Québécois, je dis frigidaire et non réfrigérateur comme il se devrait. Eh, y'a personne de parfait.

La postérité repose sur la transformation de plus en plus rapide de montagnes de camelote en montagne de détritus; et les heureux agents de cette transformation, appelés consommateurs, sont les mêmes qui usent sans joie leurs forces afin de produire ce que, entre le métro et le dodo, ils espèrent trouver le temps d’user.

― André Gorz, Écologie et politique


Que peut bien signifier cette citation ma foi fort critique de notre mode de vie?


André Gorz, c'est un idéologue écologiste qui a fait sa marque dans les années '70, époque très lointaine où nos parents allaient au Cégep. Il a consacré une bonne partie de sa vie à essayer de faire comprendre aux gens que le système capitaliste dans lequel nous vivons encourage une culture du gaspillage qui va faire qu'à long terme nous aurons surexploité ces ressources naturelles qui nous permettent actuellement d'avoir une existence assez confortable merci.

Faisons une petite analogie pour nous aider à comprendre ce que voulait dire André Gorz.

(Les chiffres que j'utilise sont sont ronds et hypotétiques. Alors, si vous trouvez que ce que j'avance n'a aucun sens, n'allez pas utiliser comme argument que les chiffres sont farfelus. Parce que les entreprises préprogramment leur production pour qu'elle s'use plus rapidement qu'elle ne le devrait. Les chiffres que je donne sont tout au plus démesurés.)


Je suis un riche industriel qui possède une usine de frigidaires. J'ai le choix entre faire des appareils à 600$ qui dureront 50 ans, ou des appareils que je vais vendre au prix modique de 300$ mais dont la durée de vie sera de seulement 10 ans. Je me rends bien compte que si je produis des appareils à 600$ qui durent 50 ans, une fois que j'en aurai vendu un à tout le monde je vais être obligé de diminuer le rendement de mon usine en attendant que les appareils que j'ai vendu aient besoin d'être remplacés. Donc, même si je les vends deux fois plus cher, je vais en produire cinq fois moins. Ce qui signifie que je vais faire beaucoup moins d'argent.


En bon capitaliste, je choisi plutôt la seconde option, qui est de faire des frigidaires à 300$ d'une durée de vie de 10 ans. Je vais pouvoir me construire une immense usine qui va produire des frigidaires continuellement, parce que les gens devront rapidement les remplacer.


En faisant des produits d'une durée de vie réduite, je crée une demande artificielle qui me permet de continuer à faire mon argent. En plus, j'aide la société, puisque je garanti des emplois stables à bien plus de travailleurs que si je faisais des appareils qui n'ont pas besoin d'être remplacés avant 50 ans. Alors, où est le problème?


Cette analogie démontre l'absurdité du système; je suis utile à la société, non pas parce que les biens que je produis permettent à la population d'avoir une meilleur qualité de vie, en l'occurence de jouir de ce chef d'oeuvre technologique qu'est le frigidaire, mais parce que je permet à la population de travailler. Mais c'est important le travail!, me direz-vous. Et je suis tout à fait d'accord. Simplement, dans ce cas-ci, on pourrait consacrer bien moins d'heures à la production de ce bien socialement utile qu'est le frigidaire. Or, parce qu'il faut faire rouler l'économie, on préfère consacrer beaucoup plus de temps à la production alors qu'on pourrait consacrer cette énergie de travail à autre chose.

Vous me suivez toujours?

Disons que le frigidaire à 600$ qui dure 50 ans prend 4 heures à produire, et que celui à 300$ qui en dure 10 prend 2 heures à produire. Et disons que les produits de mon usine seront achetés par 1 million de ménages et que je fais un bénéfice de 10% sur la vente. Dans les deux cas, on répond au même besoin d'un million de ménages d'avoir un frigidaire.

Premier cas : Je vends 1 million de frigidaires à 600$. On consacre donc 4 millions d'heures de travail à leur production, et je me fais 60 millions de profit.

Deuxième cas : Je vends 5 millions de frigidaires à 300$. On consacre donc 10 millions d'heures de travail à leur production, et je me fais 300 millions de profit.


Laquelle des options est la plus profitable pour la société? Celle où les ouvriers travaillent 10 millions d'heures pendant 50 ans et où je me fais 300 millions de profit? Où celle où les ouvriers travaillent seulement 4 millions d'heures et où le riche industriel que je suis fait un profit de 60 millions?


Parlons maintenant du coût environnemental de la production des frigidaires. Qu'est-ce qui fait le moins mal à mère nature? Qu'on en produise 1 million ou 5 millions? Certes, les appareils qui durent 50 ans vont engendrer un coût environnemental supérieur. D'ailleurs, s'ils coûtent plus cher à produire, c'est qu'ils nécessitent plus de matériaux, et des matériaux de plus grande qualité. Disons que faire un frigidaire qui dure 50 ans fait 2 fois plus mal à mère nature que d'en produire un qui ne dure que 10 ans.

Premier cas : 1 million de frigidaires * 2 "coût environnemental" = 2 millions de "coût environnemental".

Second cas : 5 millions de frigidaires * "coût environnemental" = 5 million de "coût environnemental".


Conclusion :

Il serait moins néfaste pour l'environnement de faire des produits plus coûteux mais à la durée de vie prolongée. Il faudrait alors revoir l'organisation du travail : pour éviter le chômage tout en arrêtant de détruire la planète, on doit considérer l'optimisation de ce que le travail permet à la société d'obtenir au lieu de ne considérer que le chiffre d'affaire de l'employeur. Il faudrait alors repenser le temps que chacun allouent au travail. Au lieu de compter 1000 employés qui travaillent 40 heures par semaine pour produire des frigidaires à courte durée de vie, mon usine pourrait avoir 1000 employés mais qui ne travaillent que 15 heures par semaine mais qui font des frigidaires qui durent 50 ans.

Si on peut faire cette analogie à propos du frigidaire (oh, pardon, il faut dire réfrigérateur), un bien socialement utile, que dire de l'industrie de la publicité, de l'industrie militaire ou encore des modes comme les Pokémon? On y consacre des millions d'heures de travail, des quantités faramineuses de ressources naturelles, et tout ça pour quoi? Pour que ces cons qui sont déjà en haut de la pyramide le deviennent encore un peu plus. Et pendant ce temps les ptits africains meurent et les décharges se remplissent...

La croissance économique n'est pas nécessairement synonime de progrès. Si nous voulons continuer d'évoluer, peut-être faudrait-il repenser la production autrement.
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Ady

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MessageSujet: Re: Comment la logique de la production tue-t-elle la planète?   Comment la logique de la production tue-t-elle la planète? EmptyMar 17 Avr - 7:52

J'en suis bien conscient Smile
J'avais d'autres sources mais qui vont dans le même sens Wink

Et j'avais remarqué ça il y a longtemps sur les voitures.
Entre la premiere 2 cheveaux de ma mère qui a tenu 15 ans
Puis la 309 pour 10ans
Puis la 405 pour 7ans
Bref, entre les bons vieux modèles peu confortable et lourd, certes, mais qui durent qui durent qui durent


Et sur le point de vue du temps de travail, je suis absolument d'accord. Sur un autre forum de la communauté, j'en parlais justement. Comme quoi "on" veut toujours faire plus travailler les gens alors qu'il n'y a pas besoin de produire d'avantage et que du temps libre serait plus bénéfique (mais pas pour les puissances financières evidemment)... autre histoire ça ^^
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