Quel est le rôle de la douleur ? *V *D

Un jour, un médecin (Dr Danziger) qui fait des recherches sur le traitement de la douleur entend parler d'un type qui, suite à un accident de moto, ne ressent plus aucune douleur. Après une première série d'expériences, le Dr Danziger s’aperçoit que Alain Bastien (le type en question) ressent bien la douleur mais que celle-ci ne l’affecte plus : elle lui est devenue indifférente.
Le médecin entrevoit immédiatement les immenses possibilités qui s’ouvrent pour comprendre et traiter la douleur. Il se lance alors, avec Alain Bastien, dans une longue série d’expérimentations qui doivent lui permettre, à terme, de proposer une interprétation radicalement nouvelle des mécanismes de la douleur et d’envisager de nouveaux modes de traitement.
Les résultats des différentes expériences sont surprenant. Pour tester sa résistance à la douleur, on lui a branché des électrodes et on lui a envoyer des décharges électriques. Théoriquement, à partir de 22mA, la douleur est jugée intolérable. Or, à 80mA, Alain Bastien ne sentait toujours rien. Il sentait les décharges mais pas la douleur. Autre exemple :pour l'anticipation de la douleur. Logiquement, un sujet qui est averti qu'il va subir une douleur à partir d'un instant T apréhende le moment du choc, devient anxieux, transpire. Lui non. Il n'a pas peur.
En fait, Alain Bastien est indifférent à la douleur, la sienne et celle des autres, pas de compassion, pas d'empathie, il ne s'émeut de rien. Le Dr Danziger s'est rendu compte qu'une région de son cerveau ne fonctionnait plus correctement, et que de ce fait son cerveau dissociait la sensation de douleur, la stimulation, du sentiment de douleur, ce qui nous la rend insuportable, qui nous donne envie de la fuire. Comme si la sensation de douleur était un réflexe conditionné.
Dès lors se pose une réflexion sur le sens et le rôle de la douleur dans notre vie. Un rôle plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Car Alain Bastien, en la perdant, semble avoir perdu aussi la capacité à éprouver des émotions et s’être ainsi peu à peu isolé du monde. Et si la douleur était une marque essentielle du vivant ?

Pour réagir, je dirai que l'incapacité à pouvoir ressentir une douleur est extrêmement dangereux. Dans le cas de Alain Bastien, l'individu ne serait pas à même de dire s'il subissait sur l'instant une péritonite. Son intestin se perforerait et il se verrait mourir sans vraiment comprendre puisqu'il ne pouvait en aucun moyen percevoir la douleur de son propre corps.
Paradoxe : l'esprit ne ressent plus rien, mais le corps se meurt !
Alain Bastien n'a plus d'appréhension ?
Je pense que cela vient du fait qu'il se sait "indolore" à toutes épreuves physiques. Il se sait invulnérable.
Je dirai que la douleur est une marque du vivant. Elle nous rappelle que nous sommes fragiles et par son existence, elle nous fait apprécier et redouter énormément de choses.
Je lui donne une signification :
C'est un obstacle stimulant

Ca prouve bien que la douleur permet de vivre. Mais il n'avait plus du tout de toucher ou juste il ne ressentait plus la douleur?

La douleur donne la santé, car c'est grâce à la douleur que les gens sont prudents.

davolutionnaire a écrit:

Ca prouve bien que la douleur permet de vivre. Mais il n'avait plus du tout de toucher ou juste il ne ressentait plus la douleur?

Non non, il ressent parfaitement la douleur, en fonction des stimulations il sait dire si ça pique, ça brûle, ça gratte, etc.... C'est son cerveau qui divise le signal en 2 : l'influx nerveux et l'affect. Son cerveau réagit aux stimulations externes de douleur mais il ne dit pas "ça fait mal, retire ta main". Donc le type ressent la douleur mais n'a pas mal.

goldilox a écrit:

Son cerveau réagit aux stimulations externes de douleur mais il ne dit pas "ça fait mal, retire ta main".

C'est un peu une genre d'«énigme» comme la théorie de la neuromatrice ou l'algo-hallucinose.

Bah en fait on dirait que le cerveau réagit par réflexe conditionné.... Il nous dit que telle ou telle chose fait mal parcequ'on est conditionné par notre environnement. Comme si son cerveau avait "désappris" ce réflexe.

Ton affirmation serait peut-être acceptable aux yeux d'un monde tout à fait béhavioriste radical (ce que je ne suis pas, et au risque de me répéter, je me considère plutôt comme une néo-béhavioriste pro-cognitiviste)... Doit-on réellement être conditionnés aux éléments de notre milieu afin de savoir que cela provoque la douleur ? Je penche plutôt là-dessus sur la théorie du valeureux Albertain : Albert Bandura, avec sa théorie de l'apprentissage social, mais surtout la sous-variante qui est l'apprentissage par observation. Je crois que c'est cela qui permet au cerveau (du moins, à l'Être) de nous dire que telle ou telle chose fait mal, car l'on a déjà vu la douleur provoqué par cet environnement.

Si on considère par "environnement" la même structure spatiale, moi je n'ai jamais touché, ni vraiment vu, une grenade, mais je sais que cela fait mal, est déconseillé, provoque de la douleur. C'est l'apprentissage social qui permet ce type d'"apprentissage". Mais c'est ma vision encore trop psychologique de voir la chose, d'autant plus que je serais totalement en accord avec toi s'il fallait être comportementaliste radical, Burrhus Skinner en serait bien heureux.

Je pense que c'est les deux, qu'il y'a de l'inné et de l'acquis.
Concernant ce brave monsieur qui ne ressent pas la douleur, c'est une simple tentative pour éssayer de rendre la description de son dysfonctionnement claire pour tout le monde...

goldilox a écrit:

Concernant ce brave monsieur qui ne ressent pas la douleur, c'est une simple tentative pour éssayer de rendre la description de son dysfonctionnement claire pour tout le monde...

Dans le cas du Monsieur en question, c'est de la neuro, je veux dire que bon, il y a vraiment des trucs étonnants qui surviennent quand on prend la peine de faire l'ablation de l'hippocampe, de l'amygdale, ou du corps calleux. C'est vraiment très intéressant et à la limite de l'inquiétude.