J'aime le drapeau.
Du point du vue de la formidable psychologue que je suis, je dis que c'est assez insensé. Toutes les échelles de bonheur que l'on retrouve dans les revues, dans les magazines, dans les livres de psycho-pop, ne valent rien. Ensuite, il y a un genre de sondage planétaire qui fait ce genre d'études où ils classent les pays en ordre de bonheur : du plus heureux au plus malheureux (et je pense que c'est l'Amérique du Sud qui arrivait le plus heureux). Ça non plus, je ne crois pas que ça ait un sens valide, mais il faudrait connaître en détail leur méthodologie, mais je doute BEAUCOUP que ça puisse être effectué correctement.
Pour ceux qui ont étudié les sciences ici (naturelles/pures), vous connaissez bien le concept de validité, donc cette précision à mesurer le concept que l'on croit mesurer. C'est exactement le manque de validité qui vient faire fausse route dans les livres de psycho-pop. Ainsi, par la validité de construit, je peux difficilement dire que j'évalue le bonheur, à moins de créer un construit général, mais c'est difficile. Le mieux est d'évaluer les composantes individuelles du construit qu'est le bonheur (satisfaction au travail, dans les relations interpersonnelles, confiance en soi, etc.).
Ensuite, le bonheur en tant que construit est extrêmement variable, car ce n'est pas un trait. Autant l'extroversion, le perfectionnisme, sont des traits, mais pas le bonheur. Autant aujourd'hui je suis heureuse, demain non. L'état, contrairement à l'humeur, est extrêmement variable à chaque minute. Tiens, dans le meilleur des cas, en fait non dans un cas relativement bon, faudrait mesurer par un test standardisé (et pas une entrevue, car on y intègre la subjectivité, mais ça pourrait toujours être une entrevue structurée qui est quand même standardisée et normalisée qu'on le veuille ou non) les différentes composantes pour parvenir au construit de bonheur, et ce, à chaque jour, pour chaque Bhoutanais. Ça se corse, mais ça offrirait des corrélations individuelles. Suffirait de trouver la droite de régression de chaque individu, ensuite de celle de l'ensemble de toute la population. Et on aurait celle du Bhoutan.
Cette procédure dictatoriale de forcer tout le monde à faire un test quotidien est biaisante, dans la mesure où forcer qqn à faire tous les jours un test pour évaluer le bonheur, c'est super si on pouvait l'imposer, mais les gens finiraient par toujours évaluer le bonheur/malheur négativement à cause de l'obligation à devoir remplir le test.
Belle idée, mais méthodologiquement à chier.
Merci,
Alessia